Andy Sachs (Anne Hathaway) n'a absolument aucun sens du style. La classe, pour elle, c'est d'agencer un vieux pull turquoise à une jupette moutarde et de compléter le tout par une paire de mocassins usés. Le jour où elle se pointe à la réception des bureaux de Runway, la référence ultime dans le milieu de la mode, elle sent un malaise l'envahir à la vue de tout ce chic superficiel. Venue à New York pour devenir journaliste, Andy comprend que le légendaire magazine dirigé par l'horrible Miranda Priestly (Meryl Streep) est sa dernière chance de réaliser son rêve.
Tout d'abord réticente à enfiler ne serait-ce qu'une paire de talons aiguilles, Andy s'attire les moqueries les plus mesquines de la part de ses collègues de taille 0. Mais le jour où elle essaye sa première paire de Jimmy Choo, gracieuseté de Nigel (Stanley Tucci), conseiller beauté chouchou de Miranda, Andy vend son âme au démon de la mode. Casquette gavroche Burberry, collier Chanel et parka Versace, elle déambule dorénavant sur la 5e avenue,
tenant d'une main un double latté écrémé et de l'autre son portable lui transmettant incessamment les dernières lubies de son horrible patronne.
D'un seul regard, l'admirable Meryl Streep transmet à la perfection tout le caractère glacial et inflexible de la despotique rédactrice. La jeune Anne Hathaway s'en sort aussi plutôt bien, alternant entre naïveté, assurance et panique totale. On regrettera que Stanley Tucci n'ait pas poussé plus loin son rôle, pourtant prometteur. Mais on regrettera surtout le manque de répliques cinglantes, omniprésentes dans le roman, et qui font défaut à l'écran. Il manque au film cette poigne démoniaque qui nous aurait permis de croire que Prada habille réellement le Diable.